Poireaux, en vert et contre tout

La course de côte (de bœuf)

Imaginez. Vous êtes sur la ligne de départ. Le coureur devant vous vient de partir dans un vrombissement assourdissant, gaz en grand. La montée s’offre à vous, du moins le début parce que vous ne voyez même pas l’issue du premier virage, cachée par les arbres du talus. De l’autre côté de la route, quelques bottes de paille séparent le bitume du parapet.
On vous fait signe. C’est à vous ! Vous vous élancez, il s’agit de faire un chrono, vous n’avez pas le droit à l’erreur.

Plus prosaïquement, la course de côte c’est de la vitesse mais sur une portion de route fermée à la circulation. Et comme son nom l’indique, c’est en montée.  Mais c’est aussi une course ouverte à tous, débutants comme confirmés, PW50 comme Supermot’ ou motos de course. Comme circuit, vous aurez le droit à une petite départementale viroleuse, avec un bitume correct mais sans plus, des accotements réduits, des virages en aveugle. Bref, une route. Les départs des pilotes se font toutes les quelques dizaines de secondes, chaque pilote se battant contre le chronomètre.

Concernant le nombre de montées (les mont’ dans le langage technique), il y a en 4 par pilote: essai libre, essai chronométré et deux montées de course. Autant vous dire qu’on ne roule pas beaucoup (entre 6 et 10mn au total selon votre niveau) mais que l’adrénaline est bien présente.  Et on n’a pas le droit de se planter.

Nous avons participé à la course de côte de Gattières (06) le week-end dernier, organisée par le Moto Club de Cagnes-Villeneuve. Mais pas du côté pilote, hein, on n’est pas (complètement) barge. Une course de côte c’est surtout une grosse organisation. Quand on débarque comme nous aux réunions d’organisation, on se rend compte de l’ampleur de la tâche : fermer la route, établir un service d’ordre pour empêcher l’accès aux plus déterminés, prévoir la publicité de l’événement. Et surtout faire appel aux bonnes volontés pour préparer la route, c’est-à-dire installer des ballots de paille le long de la montée pour le sécuriser un minimum. Nous avons donc été désignés volontaires, avec une dizaine d’autres pigeons courageux, pour participer à l’installation.

On avait déjà fait la moitié...
Vu comme ça il y en a beaucoup… et c’était le cas

La bonne nouvelle, c’est que nous partons de l’arrivée, tout se fera donc en descente. Après un peu d’attente les ballots de paille arrivent. Nous revêtons nos plus beaux gilets jaunes et nous nous entassons sur la plateforme d’un pick-up. C’est parti !

IMG_20160507_170716
La bétaillère

Il faut un peu de temps pour qu’une routine se mette en place, mais après quelques instants de flottement nous nous répartissons les rôles : une personne distribue les sacs d’emballage, un binôme s’empare d’un sac et se dirige vers les ballots. Deux personnes sont préposées au déchargement du camion et une troisième fournit les ballots un par un aux porteurs de sac. Ce sera le rôle de Xavier. Seb quant à lui servira de porteur de sac. La paille est emballée dans le sac puis déposée à son emplacement : le long d’un muret à l’extérieur des virages ou devant un poteau ou un panneau. Ça parait facile, et c’est amusant les dix premiers ballots. Un peu moins 350 ballots plus tard alors qu’il en reste encore autant à décharger, emballer et disposer. Surtout que la paille ce n’est pas du foin (oui, ça peut paraitre évident) : alors que le foin est doux et vous tend les bras pour une sieste, la paille racle et gratte.

Pendant ce temps, des tire-au-flanc malins prétextent des excuses comme “il faut faire la circulation pour ne pas que vous vous fassiez écraser” ou “il faut bien conduire le véhicule qui va vous remonter, bande de feignasses”. Mais nous sommes assez nombreux et, forts comme des bœufs, nous abattons la tâche en quelques heures.

Nous remontons à notre point de départ, toujours entassés en toute sécurité (car nous avons nos gilets jaunes) dans le pick-up. Pendant ce temps, la zone d’arrivée sert de point administratif (inscriptions, contrôle technique) pour le lendemain. On peut jeter un coup d’œil à quelques motos déjà présentes.

IMG_20160507_173749
Passage au sonomètre

Bon, il fallait aussi qu’on s’occupe de notre administratif. Non, non, on n’a pas fait remplir les papiers, des gens compétents étaient là pour faire la paperasse. Nous, on a juste rempli la demande de licence. “Licence ? Mais vous nous aviez dit que vous ne rouliez pas ? ” Et oui, ce n’était pas en tant que pilote que nous allions participer à la course mais en tant que Commissaire de Piste. On vous raconte tout ça vendredi prochain.

Révision express des drapeaux ! (Nous, traumatisés ? Nooon)
Révision express des drapeaux ! (Nous, traumatisés ? Nooon)

 

3 thoughts on “La course de côte (de bœuf)”

Laisser un commentaire