Poireaux, en vert et contre tout

Questions à la pistardie : guide pour débuter sur piste (partie 3)

Ça y est, c’est le jour J. Vous n’avez pas vraiment fermé l’œil de la nuit mais vous êtes plein d’énergie. On appelle ça l’effet circuit. Alors avant de partir, un dernier point pour passer une journée au top.

Liste de(s) course(s)

Voici la liste des choses que nous conseillons d’emporter pour passer une top journée. On les met dans l’ordre de priorité afin de vous aider à faire votre choix si vous n’avez pas beaucoup de place :

  • De l’eau : un pack ou une gourde à remplir mais de quoi boire. On transpire beaucoup sur piste.
  • De quoi grignoter : la moto sur piste est un sport, et pendant le sport on peut avoir un coup de mou. Donc barres de céréales dans le sac.
  • De papier toilette : j’en vois qui rigolent, mais le petit tour aux toilettes avant de rentrer sur piste n’est pas un mythe. Et des fois le circuit ne fournit pas le papier…
  • Un t-shirt et des chaussettes : c’est tellement agréable d’enfiler un truc sec après avoir transpiré sur piste.
  • Du paracétamol ou de l’ibuprofène. On évitera l’aspirine qui fluidifie le sang.

Pour le déjeuner, il n’y a pas de règle universelle : certains circuits – comme Lédenon – fournissent le repas pour le tarif de l’inscription. Pour d’autres, il y a un snack ou un restaurant. D’autres encore ne fournissent rien. Renseignez-vous auprès de l’orga ou de vos amis pour les possibilités de restauration, et au cas où, prenez un sandwich.

Maintenant, nous allons lister les choses qui ne sont pas indispensables, mais très appréciables. Par contre, si vous venez en moto, il va être compliqué de tout prendre.

  • De l’essence : on consomme beaucoup plus sur piste. Ça peut doubler votre conso. Afin d’éviter d’aller faire un tour en ville pour trouver la station essence la plus proche, avoir un bidon de 20L dans le coffre peut vous épargner votre pause déjeuner.
  • Des chaises et une table : entre deux sessions, il faut poser son casque et reposer le pilote. S’effondrer sur une chaise peut être très appréciable dans ces cas-là.
  • Un barnum : qu’il fasse très beau et qu’il serve à vous protéger du soleil ou qu’il vous empêche d’être trempé par la pluie, un barnum est un investissement que vous trouverez très vite rentable.
  • Une caisse à outils, des vis et du scotch : que ça soit pour démonter un rétro, faire une petite réparation de fortune, dépanner quelqu’un, je pense qu’il ne s’est pas passé une journée piste sans qu’on la sorte.
  • De quoi prendre une douche : certains circuits mettent à disposition des douches, toujours agréable avant de reprendre la route.

Bien entendu, on pourrait allonger la liste à l’infini (couvertures chauffantes, frigo, micro-onde, pompe à pied…) mais on parle d’une première fois sur piste, pas d’un week-end de course 😉

 

Planning

L’inscription avec nos copains de Tortue Team : toujours dans la joie et la bonne humeur

La première chose à faire quand vous arrivez sur le circuit est d’aller voir l’orga et de vous servir un café et manger un croissant. Quasi toutes les orgas proposent ce service simple mais tellement agréable. Une fois la bouche pleine, passez aux inscriptions, ce sera fait.

Un petit tour par le compresseur mis à disposition (pareil, toutes les orgas le proposent) et vos pneus seront bien gonflés. Ce qui veut dire que vous allez baisser la pression pour mettre 2,1 bar à l’avant et 1,9 à l’arrière. Oui, il faut baisser la pression car vous allez mettre beaucoup plus vos pneus en contrainte avec de grosses accélérations et de gros freinages ; ils vont plus chauffer, et plus monter en pression.

Le reste de la journée se déroulera sous cette forme : 20 minutes de roulage, 40 d’attente (voire 60 s’il y a 4 groupes de niveau). Et 6 à 7 sessions. Le format peut varier un peu (une session plus longue au milieu par exemple) mais rien de bien méchant.

Voilà, vous êtes équipé, la moto a chauffé gentiment sur sa béquille, et vous vous dirigez vers la piste. Là un homme vous interpelle, un micro à la main. C’est la gloire, ça doit être TF1 qui se décide enfin à faire un reportage sur le grand pilote que vous allez devenir. Je vais vous casser le moral, c’est le sonomètre. On a le droit de rouler aussi vite qu’on peut sur circuit, mais on ne peut pas y faire tout le bruit qu’on veut*. Les maximums autorisés varient entre 95dB (Alès ou Bresse) et 102dB au Mans. Certains circuits comme Issoire imposent même le pot d’origine. Pour savoir quelle est la limite autorisée sur le circuit où vous devez rouler, vous pouvez aller faire un tour sur le site calendrier-piste.fr. À savoir que si vous êtes refoulé pour cause de trop de bruit et que vous n’avez aucun moyen de le diminuer (une chicane), la journée est finie pour vous, ce qui serait dommage. Si vous pensiez mettre votre chicane juste pour le contrôle, et la retirer ensuite, sachez que certains circuits font des contrôles en dynamique et peuvent vous sortir. Notre conseil est de rouler en pot d’origine si vous l’avez déjà. C’est pas glamour, mais devoir changer le pot sur le circuit l’est encore moins. C’est un coup à perdre une session ou deux et à vous mettre en stress. Vous pouvez me croire, on l’a déjà vécu. Si vous n’avez pas le pot d’origine, chicane obligatoire. Je sais, je fais mon rabat joie, mais j’ai envie que vous preniez votre pied sur circuit, pas que vous repartiez plus léger d’une centaine d’euros sans avoir eu la chance de limer du slider.

“Un petit mot pour nos téléspectateurs ?”

En piste !

Impatients d’aller rouler, les pilotes attendent le début de la session

84dB, votre moto est aussi silencieuse qu’une tondeuse électrique, vous pouvez y aller. On rentre sur la piste, sans couper la ligne blanche d’insertion. Cette ligne blanche est là pour vous protéger et protéger ceux qui sont déjà sur la piste. Si vous la coupez, vous risquez de surprendre un pilote à fond dans la ligne droite, et finir la journée dans un hôpital.

Avant de mettre plein angle, passez deux tours à chauffer vos pneus. Car même s’il fait beau, même s’il fait 30 degrés, vos pneus ne sont pas chauds à l’intérieur, et c’est ça qui compte. Donc grosses accélérations moto droite, gros freinages en ligne droite sont au programme. Une fois les deux tours faits, vous pouvez commencer à attaquer. Progressivement. Car il faut apprendre à connaitre la piste, trouver ses repères. Être détendu pour bien rouler et rouler fort. Ne cherchez pas à poser le genou à tout prix, concentrez vous sur votre position, sur vos trajectoires et le reste viendra tout seul.

 

L’enfer c’est les autres… sauf si on est poli

Si vous êtes un poireau, gardez votre calme et votre trajectoire

Ou pas. Oui, il va y avoir des pilotes plus rapides. C’est à eux de vous dépasser, ne changez pas de trajectoire pour eux, cela risquerait de les surprendre (le pistard est facilement effrayable). Par contre, vous pouvez toujours rendre un peu la main en début de ligne droite, lui faire un petit geste pour qu’il vous dépasse sereinement. Ne jouez pas à celui qui a la plus grosse (moto), vous n’êtes pas en course, vous êtes là pour vous faire plaisir. Attention, je ne dis pas qu’on n’a pas le droit de se tirer la bourre avec un mec de son niveau, mais il ne faut pas faire de block pass ou de dépassement dangereux.

Idem, si vous vous retrouvez derrière un pilote plus lent, ne soyez pas agressif, doublez proprement. Le mieux étant de le faire à l’accélération ou au freinage. Et si vraiment l’autre pilote est un imbécile et ne veut pas vous laisser passer alors qu’il vous bouchonne en virage et qu’il accélère comme un bœuf avec sa moto de 200 chevaux en ligne droite, passez par les stands. Vous perdrez 20-30 secondes mais ainsi vous aurez une piste claire.

Au bout d’un moment, vous allez voir un drapeau rouge ou un drapeau à damier. Cela signifie que vous devez sortir de piste, que la session est finie. Finissez votre tour à allure normale (c’est à dire sans se trainer) et rentrez tranquillement à votre stand pour boire un coup.

Dix de chute

Seb, expert ès graviers, vous conseille de rentrer en piste hors traj pour ne pas semer des petits cailloux sous les roues de vos camarades

Dans le cas où un concurrent autre pilote finit dans le bac, ne le regardez pas ! Vous risqueriez de le rejoindre. Roulez normalement, ne doublez pas si vous êtes dans la zone de l’accident (ou si un drapeau jaune est agité), mais en aucun cas vous ne devez vous arrêter. Les commissaires de piste sont là pour aider le pilote en difficulté, et s’il n’y a pas de commissaires, des caméras sont présentes sur le circuit et des gens vont intervenir.

Si c’est vous qui allez goûter au bitume, la première chose est de vous mettre en sécurité dans le bac. Si tout va bien pour vous, dégagez votre moto, avec l’aide des commissaires, pour la mettre hors de la trajectoire et éviter le sur-accident. Petit rappel : les commissaires de piste sont là pour vous aider, alors même si vous êtes en colère à cause de la chute, ne les envoyez pas chier, ne leur laissez pas faire tout le boulot. Ils n’y sont pour rien si vous êtes tombé. Une fois pilote et moto en sécurité, regardez si vous pouvez repartir. Est ce que vous avez toujours des freins ? Pas de fuite d’huile ou de liquide de refroidissement ? L’accélérateur tourne bien et revient en place ? Si oui, vous pouvez finir votre tour avec la moto et rentrer aux stands. Sinon, la dépanneuse va arriver et vous rapatrier. En cas de bobo, même petit, un médecin va faire un check-up pour vérifier que tout va bien. Si vous allez bien et que la moto peut reprendre la piste, il faut faire une autre session dans la journée. Vous allez vous trainer lamentablement, mais cela vous permettra de reprendre des sensations et de moins appréhender la suite. Après, vous pouvez aussi choisir de ne pas chuter, c’est quand même mieux.

 

 

This is the end

Fin de journée, le soleil se couche sur vos pneus boulochés. Vous êtes épuisé mais heureux. Peut-être même que vous avez dépucelé ce slider qui vous narguait depuis l’achat de votre combi. Il ne vous reste que deux choses à faire : remettre la bonne pression dans vos pneus et aller dire au revoir à l’orga. Ce sont des passionnés et ça leur fera plaisir de savoir que vous avez pris votre pied.

Rentrez tranquillement, le circuit est derrière vous, une bonne douche et vous pourrez vous effondrer dans les bras de Morphée et rêver de piste.

 

 

* Les circuits ont de plus en plus de mal avec les normes de bruit. La faute aux riverains (qui sont parfois arrivés après le circuit, comme à Lédenon) qui voudraient ne pas avoir de bruits de moteurs le dimanche matin. Et la semaine aussi. Bref, qui voudraient que le circuit ferme ou se mette à n’accepter que des motos électriques. On ne va pas se lancer dans un débat sur le sujet, ça mériterait un article complet. On va juste noter qu’il faut faire attention à ne pas faire trop de bruit