Poireaux, en vert et contre tout

Le Luc: la revanche

Ça y est, la saison commence enfin. Et sur le circuit qui nous a vus faire nos premiers tours de roue sur piste, mais aussi notre première course. Nous avions à cœur de faire mieux que l’année dernière. Car même si nous avions fait un bon résultat, le manque de puissance et de prépa de la moto nous avait empêché d’exploiter tout notre potentiel. Mais cette année, nous avons la Super Carotte et on avait bien envie de l’exploiter.

 

Day – 1

La neige des derniers jours, associée à la pluie transforme le parking du Luc en bain de boue géant et la piste en pédiluve. Mais cela ne nous dérange pas le moins du monde car on a envie de rouler. Les pneus pluie ont été chaussés la veille, ce qui nous fait gagner du temps.

On va pas rentrer dans les détails, mais on alterne les sessions et on prend un pied d’enfer, même sous la pluie. Qu’est ce que ça fait du bien d’avoir une moto qui avance. On est aussi rapide sur le mouillé que l’année dernière sur le sec.

L’après-midi voit le soleil pointer le bout de son nez, et les slicks sortir de sous leurs couvertures chauffantes. On sort du gros gaz et les chronos tombent petit à petit et on signe tous les deux des chronos en 1min31. Demain on va aller chercher le 30. Voire en dessous.

La soirée se passe entre analyse des données du 3DMS que nous testons, bière, limoncello et surtout, beaucoup de bêtises racontées.

 

D Day

Ca y est, on y est ! On installe le barnum dans le paddock et on se prépare. Au programme, une heure d’essais libres à se partager puis 20min chacun de qualif. Seb lance le mouvement mais a du mal à se mettre dans le rythme. Au bout de 10min, il me passe le guidon. La piste est sèche, la moto chaude, je commence à aligner les chronos en 31/32 dans ce round d’échauffement. Cela a un effet positif sur Seb qui, de retour en piste, sort un 31.40. Pas mal mais peut mieux faire. Par contre, ça me motive pour aller gratter quelques dixièmes et sur la dernière partie de cet essai libre le chrono affiche un beau 1min30.40.

Y a pas à dire, c’est bon comme mise en jambe et ça augure une bonne qualif.

On a chacun une qualif de 20min, d’abord moi puis Seb. Il y a bien une troisième qualif mais c’est pour les équipages ayant un troisième pilote.

Je pars donc, le couteau entre les dents. Deuxième tour lancé, je suis en 31. Troisième en 30. Je sais que je perds du temps sur le premier virage, un droite au bout de la ligne droite. Je m’efforce de rentrer plus fort. Et ça paye car au sixième tour je signe 1min29.96. Un tour plus tard, c’est déjà la fin. Nous sommes 23e de cette session, sur 39.

Seb met un poil plus de temps à prendre le rythme car il attend 4 tours pour signer un chrono en 30. Par contre, le suivant est en 29. Il oscille ensuite entre 29 et 30 avec son meilleur tour en 1min29.26. Nous sommes 22e de cette session, toujours sur 39.

Le speaker annonce que la grille de départ sera donnée par la moyenne des pilotes, ce qui est une bonne nouvelle vu que nous sommes tous les deux homogènes. Et surtout que la pluie s’invite. La troisième session de qualif se fera sur piste humide, et les chronos s’en ressentent : le meilleur est en 27 alors que les meilleurs chronos sur le sec sont en 15. Un gouffre.

 

On va manger (bien, c’est Rodolphe qui prépare), puis on va regarder la grille de départ… où nous sommes 25e. On ne comprend pas trop alors on va voir la direction de course qui nous explique que le speaker s’est trompé et que c’est le meilleur chrono de chaque équipage qui donne la place sur la grille. Tant pis, ça nous aurait fait tripper de partir 22e.

Pendant ce temps-là, le temps se dégrade et il est évident que la seule option est de monter les pneus pluie.

Je vais prendre le départ, j’ai une revanche à prendre sur l’année dernière.

H-15

Je vais me mettre en pré-grille, je discute avec un commissaire de piste adorable, et c’est parti pour les tours de chauffe. Les gars devant moi sont lents et je fais l’erreur de ne pas forcer l’allure. Je garde quand même à l’esprit que les pneus pluie ça tient très bien.

 

Je suis sur la gauche de la piste, le premier virage est à droite. Je dois éviter le contact sur les premiers tours, la pluie se chargera de faire tomber les gens. Mais il ne faut pas que je perde de place. Je décale ma tête pour bien voir le drapeau et partir au bon moment. Poignée de gaz tournée, le moteur est à 7000 tours/minute. J’ai hâte. Et ça y est, le drapeau tricolore lance la course. Je fais un bon départ, en gratte un ou deux, me fais doubler par le 46 qui fait un super départ. C’est parti pour 3h. J’enchaîne les tours, me débarrassant des plus lents au début. Puis je bataille avec le numéro 55, piloté par un gars qui fait le bol tous les ans. On est au coude à coude. Je remarque qu’il ressort moins fort de l’AGS, le virage qui commande la ligne des stands. Alors j’anticipe et j’accélère plus tôt que lui. Je le remonte petit à petit dans la ligne droite et je passe devant. Sauf qu’il me fait les freins au bout. Alors on recommence. Au tour suivant, c’est mon tour de lui faire les freins et je profite d’un retardataire (oui, j’ai pris un tour à un mec en moins de 30min !) pour prendre le large. Je suis bien. Nous sommes 19e au général. On me panneaute Box 2. J’ai donc 2 tours complets à faire avant de filer le guidon à Seb. Sauf qu’à un tour de sortir, je prends le dernier virage un poil large et me retrouve la roue avant sur le vibreur trempé. La sanction est immédiate et je me retrouve dans la boue. Ça fait chier mais c’est de l’endurance, une chute ne veut pas dire que la course est finie. La moto n’a pas l’air d’avoir trop de dégâts, c’est déjà ça. Je pousse dans la boue, avec mon casque sur la tête. C’est épuisant. Arrivé dans les stands, Michel vient me filer un coup de main pour pousser. Les mécanos commencent les réparations. Rien de grave, même pas un repose pied tordu. Nous sommes 33e et derniers de notre catégorie… Va falloir remonter ça.

 

 

Au bout de quelques minutes, Seb peut repartir… sous safety car.

Le relais de Seb est juste chiant car il roule derrière une voiture pendant presque 30min.

A la fin de son relais, il y a un souci et il demande à sortir. La poignée de gaz tourne folle. Michel la refixe avec trois rislans et c’est à mon tour de repartir. Cette pause a vraiment été trop courte, j’ai les gants trempés, j’ai mal à la hanche, les rislans me rentrent dans la main et au bout de quelques tours, mon genou droit commence à hurler. C’est dur mais je n’ai pas le droit de lâcher. Vers la fin de mon relais, le 46 avec qui j’ai pas mal déconné pendant la journée me double, et me fait un petit signe. Merci à toi gars, ça m’a redonné la pêche.

Après avoir fait le plein de la moto, je refile le guidon à Seb qui se lance dans un relais de folie. Il a même signé des tours en 1min31, soit à deux secondes de son meilleur chrono. Alors oui, il avait encore de la pêche vu qu’il n’avait pas roulé, oui la piste était moins trempée mais il a tout déchiré. La moto marche bien et s’aligne en 27e position. On est de retour dans la course. Il se paye le luxe de jouer avec des motos plus puissantes et n’hésite pas à faire les freins en bout de ligne droite pour doubler.

J’arrive sur mon dernier relais qui sera un poil plus court, Seb étant plus rapide que moi (bon et vu comment j’ai souffert physiquement sur le deuxième, ça me va bien). J’ai demandé aux panneauteurs de m’afficher les positions et les écarts avec ceux devant. Comme Seb, je continue à gratter des places, donnant tout ce que j’ai tour après tour. La fin de mon relais nous voit en 25e position.

Seb repart pour la fin, et nous continuons à gagner des places. 24, 23, 22, 21… il reste 6min de course, et le 20e est à 26 secondes devant. Au tour d’après, il est à 16 secondes. Michel hésite entre panneauter gaz pour prendre une place ou slow pour que Seb ne s’enflamme pas. Il choisit de faire son Normand et n’affiche rien. Et à 4min de la fin, Seb ne passe pas devant les stands. Il est tombé. Il a fait la même erreur que moi et a eu la même sanction. Je retourne m’équiper, espérant qu’on puisse repartir. Les secondes nous sont comptées. Dans la rentrée des stands, un concurrent saute la barrière pour aider Seb qui est à bout. La moto arrive enfin. J’essaye de repartir mais dans la précipitation nous oublions de remettre le coupe circuit. La moto ne peut pas démarrer et je ne peux pas faire un tour complet de circuit en poussant la moto. On décide donc d’arrêter là, surtout que la moto n’a plus de frein (durite avia arrachée) ni d’accélérateur.

Aidé de Michel, je ramène la moto vers notre box. Seb s’avance pour m’aider, mais arrivé à mon niveau il s’effondre moralement. Il s’en veut d’avoir chuté au mauvais moment. Sauf qu’il n’y a pas de bon moment pour chuter. Et qu’en commençant la compétition, nous savions qu’il y aurait une course qu’on ne finirait pas.

Oui, on est un peu déçu de ne pas avoir fini cette course. Oui, on est déçu de ne pas avoir fait un top 20. Voire mieux car on pouvait.

Mais on est heureux. Heureux car nous sommes partis 25e, qu’on a eu des galères, qu’on est retombé 33e pour ensuite remonter à la 21e place. Et sur un circuit qui fait la part belle à la puissance.

Ce qu’on retient de cette course, c’est qu’en 2018, les poireaux ne vont pas faire de la figuration !

 

 

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