Poireaux, en vert et contre tout

XT Reborn

Si vous vous en souvenez bien, je suis en plein reconversion professionnelle et le but est de faire de la mécanique. Et si vous ne vous en souvenez pas, il suffit d’aller lire ce billet.

En attendant ma formation, j’ai voulu réaliser un rêve. Enfin, deux même. Mais en une seule fois. Le premier est d’avoir un supermotard. Attention, le but n’est pas de faire des wheelings, mais d’avoir un gros mono avec des jantes 17 pouces et d’aller rouler prudemment avec (oui, je fais attention au cas où la sécurité routière vienne faire un tour sur le blog).

L’autre envie était de retaper une moto.

Alors j’ai acheté une XT qui n’avait pas démarré depuis longtemps, qui a perdu quelques trucs au fil des années, comme des clignos ou des rétros. Mais qui vient avec une donneuse d’organes.

Vu que j’aime les choses simples j’ai donc pris une moto avec des carbus mais surtout un kick. En bon jeune que je suis, je n’ai jamais eu de moto à kick, je n’ai donc que de vagues connaissances dans le domaine… bon, ok, j’avais aucune idée de comment faire.

Carbu, mon amour

Quand j’ai un truc qui marche pas, je démonte pour voir comment c’est fait. Alors c’est ce que j’ai fait pour le carbu de la XT. La moto a presque 30 ans, et les joints accusent leur âge. Pas surprenant. On commande donc un kit de réfection  et on change tout ça. On remonte le carbu sur la moto, et on kick. Et on kick encore. Rien, non, rien de rien.

Pas grave, on démonte encore une fois. Et le carbu est quand même sale. Alors je décide de lui donner un petit bain à base de vinaigre blanc, suivi d’un passage à l’eau et à la soufflette. Je vous conseille de le faire dehors, et dans une casserole qui ne craint rien. C’est ce que j’ai fait, et je pense que ça m’a évité de me faire pourrir par toute la famille avec des odeurs de vinaigre dans toute la maison.

La bonne soussoupe

J’en profite pour commander un autre joint de cuve car j’avais mal remonté le précédent, et il ne faisait plus son boulot.

Confiant, je me dis que ça va marcher. Alors je remonte encore une fois le carbu sur la moto (je peux le faire les yeux fermés maintenant) et je retourne kicker. Avec toujours le même résultat. Enfin, l’absence de résultat.

Je commence à déprimer un peu. Heureusement des âmes charitables me conseillent de vérifier mes pipes d’admission.

Ceci n’est pas une pipe

Ceci est de l’art

Une pipe d’admission (ou turlute comme disent les mécanos) est ce qui fait le lien entre le carbu et le moteur. Une des composantes de cet organe est le caoutchouc. Et le caoutchouc a tendance à devenir poreux avec le temps et la sécheresse. Ce qui ne se voit pas obligatoirement à l’œil. Pour les tester, il faut les badigeonner d’essence ou de start pilote et essayer de démarrer. C’est ce que je vais faire, et le moteur nous fait une belle explosion. Bilan : les pipes d’admissions sont poreuses. Une commande plus tard, je peux monter les nouvelles. Vu qu’il y a 4 écrous en tout, c’est rapidement fait.

Je remonte le carbu, et je kick. Puis je commence à tirer la gueule. Kicker n’est pas obligatoirement drôle, mais kicker sans trop de résultats encore moins.

Un ami m’indique que remonter la boite à air ne peut faire de mal. Je remonte donc. Puis j’ai passé une soirée en amoureux à kicker et boire des bières. Et là, le presque miracle. Elle grogne. On sent qu’elle n’est pas loin de démarrer. Mais elle ne craque pas.

C’est décidé, on va démarrer à la poussette.

Deux jours plus tard

Le principe de la poussette est d’avoir des amis qui poussent la moto, ce qui va permettre d’entrainer le moteur et de démarrer plus facilement. Dans mon cas, les amis n’auront pas trop à pousser vu que j’habite en haut d’une grosse côte.

Avant de faire ça, je laisse Seb et Axel tester le kick. Avec autant d’effet que moi. Et c’est parti pour la descente. Le moteur tourne mais ne prend pas. Genre comme s’il n’y avait pas d’étincelle. Sauf que j’ai vérifié 2218 fois que j’avais bien de l’allumage. Et qu’il y en avait. Bordel de maïrde.

Un faisceau remonté à la va vite, mais qui marche

La fée électricité

On teste avec deux autres bougies et deux autres bobines et toujours rien. On essaye alors de voir comment est foutu le faisceau. Je savais qu’il avait été bricolé mais une analyse un peu plus poussée montre qu’en fait c’est juste un joyeux bordel sans nom. On se regarde, le désespoir se lit dans nos yeux. On sort la donneuse d’organes pour voir son faisceau et il est mieux (comprendre : il n’a pas été coupé dans tous les sens). Avec l’aide de Chérie qui vient grossir les rangs, on décide de faire une transplantation. Nous voilà donc à 4 à démonter les deux faisceaux. L’avantage des vieilles bécanes c’est qu’il n’y a pas trop de fils. L’opération se déroule rapidement. On tente d’avoir une étincelle et toujours rien. Alors on vérifie. Il y avait deux petites erreurs qui faisaient que ça ne pouvait pas marcher. On les corrige donc et on recommence. Et là, une belle étincelle. On commence à y croire.

On remonte les carbus (encore) et je monte sur la moto. Je kick. Une fois. Deux fois. Trois fois WAAAAABRROOUUUUUUUU. CA Y EST ELLE CHANTE !

Je suis comme un gosse, tellement heureux. J’ai réussi à démarrer une moto dont le piston n’avait pas bougé depuis des années. C’est un petit pas pour la moto, mais un pas de géant pour mon futur.

Bon, maintenant qu’elle tourne (même si c’est comme une patate violette), je vais pouvoir me projeter et planifier le reste des opérations : régler la moto, joints spy, purge de liquide de frein, vidange, changement de chaine, nettoyage complet, mettre le faisceau correctement… je ne suis pas au bout de mes peines, mais j’ai de la motivation à revendre et il parait qu’il y a des petites étoiles dans mes yeux.