Poireaux, en vert et contre tout

Triple essai

Avec Chérie, on a fait un truc que nous avions pas fait depuis trop longtemps: partir en moto en amoureux. Attention, partir en moto en amoureux chez nous ça veut dire partir à deux motos. On s’aime trop pour partager une selle. Le problème c’est qu’on n’a plus qu’une seule moto. C’était sans compter la famille et mon cousin qui m’a prêté sa GSR750 pendant une semaine. Je l’avais déjà essayée, mais depuis, il y a un pneu neuf à la bonne pression et la démul est revenue à l’origine. Et franchement, j’ai bien aimé. Le moteur est coupleux et permet d’enrouler tranquillement, voire même sereinement. Seul le frein avant est absent, pouvant provoquer quelques frayeurs.

Qui a dit qu’on ne pouvait pas voyager avec une GSR ?

J’ai aussi pu tester une MT-09. Mais attention, pas n’importe laquelle: celle de Marie. Cette (ex) pilote de Women’s cup va bientôt se lancer en Rallye routier et elle a choisi une moto avec des qualités reconnues… autant que ses défauts. Sauf que la MT de Marie a reçu de vraies suspensions. Bon faut que j’avoue, je l’ai trouvée très saine mais la position plus ou moins supermot’ m’a perturbé. Ça n’a pas été mon coup de cœur de ces 1500 bornes.

Mon coup de cœur vient à une moto que vous devez tous connaitre si vous suivez l’équipement.fr. Une moto conçue le siècle dernier et avec une couleur improbable. Oui, je parle bien de la fameuse Speed 955 #NuclearRed de la rédac.

Tada !

Il faut que je vous avoue que j’ai bien aimé cette couleur. Sous le soleil, on est loin du rose fadasse que les fabricants de jouets ont décidé de mettre sur tout ce qui est vendu “pour les filles”.

Une couleur tellement belle que reprise par Décathlon pour ses gourdes

Parlons un peu des modifs car en 16 ans, la moto n’est plus toute d’origine. En plus des feux additionnels, plaque homologuée, et autres support de téléphone qui, soyons honnêtes, ne changent pas le comportement de la moto, on trouve du vrai beau matos. Les suspensions d’origine ont été remplacées par de l’EMC à l’arrière, et la fourche a vu ses clapets changés par de l’Andreani (c’est le problème des vieilles, on trouve pas beaucoup de pièces). Et surtout, le freinage avant a été (très avantageusement) remplacé par du Beringer.

Allez hop, on monte sur la moto et on démarre. Ici c’est du old school, les compteurs sont à aiguilles et le kilométrage avec des rouleaux. Les permis A2 ne doivent pas connaitre. Même les feux sont manuels, ce qui a donné un moment sympa où Ludo a mis les phares sur la Speed pendant qu’on roulait.

Les moins de 20 ans vont être perdus devant ce tableau de bord

Dès que l’aiguille quitte le 0, on chope la banane. Le son du triple ! Je ne suis pas capable de reconnaitre une moto juste avec son bruit, sauf le triple. Ce son me file la chair de poule. Allez, première et on suit l’ouvreur. Alors soit l’ouvreur est très rapide, soit le compteur est optimiste. En fait, un peu des deux. La moto est ultra saine, et met tout de suite en confiance. On enchaîne les virages rapides comme des M&M’s: rapidement et avec gourmandise. Puis vient le premier freinage appuyé et là on comprend que Beringer n’a pas usurpé son tarif car si on a le malheur de freiner avec plus d’un doigt, on se retrouve encastré dans le réservoir. Le freinage est juste démoniaque et est assisté par un frein arrière qui… ah tiens, c’est une pédale de frein fixe ? Ou est ce qu’il est un peu dur ? Ah non, le frein arrière sert juste à rien. Mais vraiment à rien, même pas à vaguement ralentir.

Que cela soit EMC ou Beringer, leurs réputations ne sont pas usurpées

Et des fois il faut ralentir, surtout avec un tel moteur. La Street triple première génération reste une des deux motos qui me manquent le plus, mais je peux vous dire que le Speed 955 risque de lui piquer la place niveau moteur. Encore une magie anglaise: ils ont réussi à faire un truc ultra bon avec une couleur qui complexe certains “hommes”. Sauf qu’à la différence du chocolat fourré au loukoum, ici on ne risque pas d’être écœuré.

En exclusivité, le repas unique des créateurs du Speed #NuclearRed

Alors oui, quand on roule on s’aperçoit que cette moto a été conçue il y a presque 20 ans. Sur des détails comme le compteur ou les phares. Mais le moteur et le châssis sont bien d’actualité. Je vais paraître vieux et surement très con mais j’ai préféré cette bécane à la MT-09. Je suis persuadé que beaucoup de bécanes peuvent rouler plus fort mais sur la Speed, il y a un petit côté Graou qui fait qu’on ne peut qu’avoir la banane en montant sur la bécane. Un petit côté qui fait qu’on aime ses défauts.  Ouais, j’suis vieux, je vais dire que cette bécane elle, elle n’est pas aseptisée.

Merci à la rédac pour l’essai, ce furent des kilomètres de plaisir

PS: si vous voulez vous débarrasser d’un Speed, je peux vous aider, je dois juste convaincre Chérie. Et vu la dernière photo, ça devrait le faire

Convient aux court(e)s sur pattes