Poireaux, en vert et contre tout

Danse avec les roues

La moto sur piste est un sport. Tous ceux qui ont un jour posé leurs gommes sur un circuit pourront vous le confirmer. Quand on pilote un gros cube, et plus particulièrement un 1000, il faut emmener la moto au point de corde, bouger son corps pour faire bouger la moto. Ça demande une certaine force. Idem sur les freinages où la moto veut broyer votre bassin contre le réservoir. Bref, la moto sur piste est un sport que nous pourrions qualifier de violent.

Sauf que nous avons découvert qu’on pouvait aussi faire de la piste d’une manière plus délicate. Sur un circuit de kart. Nous avions déjà roulé avec le Petit Pois au Luc, mais c’est un grand circuit pour une 125. Là nous étions au circuit d’Eyguières, aussi connu sous le nom de circuit du Mistral. Et nous allions enfin pouvoir nous amuser sur un circuit à la taille de notre moto.

Bardé d’autocollants, le Petit Pois fait au moins 10 ch de plus

On arrive, on manque de s’envoler avec le Mistral qui donne si bien son nom au circuit, on passe s’inscrire et on va s’installer. A un moment nous avons cru que nous aurions le circuit rien que pour nous. Mais au final 3 karts roulent aussi. Je vous rassure, on a pas roulé en même temps qu’eux, on alternait. Ici, pas de commissaire de piste, on se débrouille, on discute avec les autres, on se met d’accord sur la longueur des sessions : bref, on est des adultes et on se comporte comme tels. Enfin, ça c’était avant de poser nos pneus sur le bitume.

Parce que là, ça balance dans tous les sens. Vu que le circuit est court, les virages se jettent sur nous et on commence à danser. Droite, gauche. On est raides sur la moto comme à un premier bal. Notre cavalière se laisse pourtant diriger gentiment, son poids plume nous autorise toutes les fantaisies, mais ce sont les cavaliers qui sont à la peine. La première session se finira donc avec une raideur des pilotes, et une furieuse envie d’y retourner.

20mn plus tard les karts ont fini et Xavier peut y retourner. Et la danse se fait plus souple. On passe du pogo à un rock endiablé. La nouvelle démul plus courte et le tirage rapide permettent d’utiliser au mieux la bécane, les genoux frottent et les virages passent de plus en plus vite. Et c’est quand même super chouette de pouvoir prendre des virages sans couper, de remettre les gaz tôt. Bon, il faut quand même faire gaffe car la piste glisse un peu sur les raccords de bitume, surtout que le vent a rapporté du sable.

Ce n’est pas une bossa nova, ni un fox trot, ni un cha-cha

Autre point positif, les chronos qui descendent gentiment.

Et pour Seb ? il semble dans son élément, et durant la deuxième session aligne des chronos dignes d’une horloge suisse. Sauf qu’à chaque tour il grappille quelques dixièmes. Y a pas à dire, il a le rythme dans la peau. A le voir sur le bord de la piste, on imagine bien une bande son musclée et fluide. Et il signe plusieurs chronos en moins de 1mn10.

En regardant les karts tourner, on en profite pour discuter trajectoire, rapports en virage. Et Xavier repart pour mettre ça en pratique. A part une petit frayeur sur un triple rétrogradage qui bloque la roue arrière (et qui fait perdre 3 secondes), tout se déroule bien. Les chronos passent aussi en dessous de 1mn10 et 7 tours s’enchainent dans la même seconde. Avec un meilleur temps à 1mn08.59.

En ligne droite, on rentre tout ce qui dépasse pour faire face au Mistral

Seb va devoir sortir le grand jeu pour sa dernière danse. Ce n’est plus le quart d’heure américain et c’est à lui de mener le Petit Pois là où il le désire. La musique du monocylindre résonne dans la plaine, et Seb passe sous les 9. 1mn08.60, 1mn08.41, 1mn08.27. Mais va t il s’arrêter ? Et là c’est le drame: il marche sur le pied de sa cavalière et se retrouve par terre. Il n’a pas voulu se la jouer Travolta et déhancher, et est resté collé à la moto comme un ado lors d’un slow langoureux. Sauf que le Petit Pois n’est pas une moto facile et qu’elle aime quand ça swingue. Gentleman, Seb relève la moto et la raccompagne. Mais ils ne peuvent pas se quitter sur ce faux pas, et après un rapide tour de la moto, il peut repartir. Même si la demoiselle s’est cassé un ongle et doit se recoiffer un peu, elle est prête à repartir (derrière cette métaphore fumeuse, il faut comprendre qu’un repose pied est tordu et bouge, et qu’un demi guidon a tourné lors de la chute). Seb repart donc et les quelques tours de piste qu’il fait sont plus timides.

Puis il repasse le guidon à Xavier qui s’élance pour quelques tours, les karts ayant plié bagage. Mais le cale pied flottant n’aide pas vraiment sur les appuis et Xavier ne battra pas le chrono. Les 18 coups de 18h sonnent à l’horloge du village, et il faut vite remballer, avant que notre petit pois ne se transforme en citrouille.

La conduite d’une petite cylindrée sur une piste de Kart s’est révélée extrêmement fun. Pas de temps mort, pas de longue ligne droit à se demander si descendre pour pousser ne serait pas plus efficace. Il faut se balancer de gauche à droite, avoir le swing dans la peau, danser avec la moto. Ici, la fluidité est le mot d’ordre, chaque erreur se paye. Donc on y retourne pour bosser encore et surtout se faire plaisir. Et mine de rien, la prochaine course approche à grands pas.