Poireaux, en vert et contre tout

La Poirsouille Endurance Team et le circuit maudit

Le circuit du Luc ça commence de plus en plus à devenir comme à la maison. Quand on arrive les copains nous réservent une place pour le barnum, on passe à l’administratif surtout pour prendre un café et faire la bise aux filles, on fait le tour des paddocks en disant bonjour à tout le monde, bref, il n’y a plus qu’à visser ses fesses sur la selle et taper un chrono.

Enfin, c’est comme ça que ça devrait se passer.

Déjà on ne partait pas gagnants, surtout Seb. Il était reparti de la journée iCasque avec un radiateur percé. Heureusement entre les copains et les petites annonces on avait plusieurs plans pour un radiateur d’occase. Première piste : raté, ce n’est pas la bonne année, la forme du radiateur ne correspond pas du tout. Deuxième piste : ok il est un peu amoché, mais banco. Ou presque, une embouchure de durite qui fait un coude là où elle ne devrait pas (les joies des millésimes de CBR identiques-mais-pas-vraiment-en fait). Heureusement le mécano de chez Scoots et Motos Club nous fait une belle réparation avec de la résine epoxy, qui tient la pression. Ouf ! Les deux poireaux auront chacun sa moto.

Revenons à cette journée du 17 juillet. La première session est la plus fraiche de la journée. En hiver, la piste est froide donc faut y aller mollo, mais en juillet faut en profiter, c’est celle où on aura le plus de grip. Contrairement à ce qu’on pourrait croire une piste trop chaude aura plutôt tendance à glisser. Bref, ça se passe plutôt bien pour les deux premières sessions, les chronos sont honorables. Pour la troisième, les deux pilotes sont chauds : Xavier roule à un bon rythme et Seb le suit en cherchant une ouverture. Arrivé au virage de l’AGS, Seb déclenche… et sa moto passe subitement au point mort. Il panique, il redresse, et chute dans le bac. Rien de grave, le pilote n’a rien et sur la moto seul les polys ont un peu souffert. A la fin de la session le camion arrive, on charge la moto pour une dizaine de mètres.

C’est l’heure de la pause déjeuner, on peut souffler et on se met à l’ombre. La femme et les filles de Xavier sont passées le voir, et Michel, notre Team Manager, nous a rejoints. On debriefe cette matinée et on cherche une raison à la chute : sûrement une mauvaise position du pied gauche de Seb qui l’a fait appuyer sur le sélecteur sans s’en rendre compte. Tous tombent d’accord : il faut que Seb remonte sur sa moto.

Alors c’est parti, nos deux poireaux remettent le couvert. Seb a un peu d’appréhension mais il s’applique à bien placer le bout de ses bottes sur les repose-pieds. Au troisième tour pourtant, au même endroit, sa moto lui refait le coup : un point mort en plein virage. Il n’a toujours pas le réflexe de garder la trajectoire et finit dans le bac. Mais cette fois-ci il a retenu la leçon. Bras et jambes souples, il laisse sa moto caracoler et reste sur ses roues. Retour au paddock. Pendant ce temps Xavier finit sa session tranquillement, c’est la première de l’après-midi et il en reste encore trois pour baisser le chrono.

Seb est perplexe et commence à se décourager. Les autres pilotes viennent prendre de ses nouvelles, et il se trouve que l’un d’eux, Greg, connait les CBR 1000 par cœur. Et nous on connaît suffisamment le bonhomme pour savoir qu’il maîtrise le sujet. On a pu le voir vu rouler en course de cote, mais aussi lors des quelques journées piste au Luc. Et Greg nous donne tout de suite la solution : pas assez d’huile moteur. Si on en est à avoir les vitesses qui sautent, il faut rajouter un litre minimum. OK, on récupère des bidons à droite à gauche, et on fait le niveau des deux motos. Celle de Xavier en avait également besoin. Xavier et Seb se mettent d’accord pour échanger les motos, histoire que Seb aie confiance en son engin et se fasse plaisir.

Quelques minutes avant le départ, on contrôle le niveau d’huile, moto droite posée sur ses roues. Celle de Seb, nickel. On passe à celle de Xavier, il enfourche sa moto, et son slider de botte en métal rencontre l’arcade de Seb qui passait par là. L’accident bête, Seb s’en tire avec une petite coupure de l’arcade (Note de Xavier: il l’a fait exprès pour se faire chouchouter au boulot) . Mais c’est la goutte d’eau qui pousse le bouchon. Il est d’abord prêt à laisser tomber pour la journée, mais il se ravise sous les coups de botte de Xavier.

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L’amitié, c’est parfois des grands coups de tatane dans la tronche

OK il peut arriver n’importe quoi, des chutes, des accidents de paddock, de la pluie comme en juin ou du cagnard, mais c’est pas une raison. Il va faire sauter cette session le temps de se remettre, et Xavier fera rouler la moto de Seb. La mission de ce dernier sera de faire changer les pneus de la moto de Xavier qui ont fait double roulage à la journée iCasque et sont en fin de vie.

Soudain Xavier rentre au paddock pour une urgence… non, la moto va bien, mais il lui faut un slider droit. Il a perdu le sien dans ce maudit virage de l’AGS : juste au point de corde son genou a tapé dans une grille d’évacuation. Seb lui donne un slider de rechange ce qui permet à Xavier de finir sa session en admirant son slider perdu vert fluo à chaque tour. A la fin de session, il aura même le droit de prendre la piste en sens inverse pour aller le récupérer. Par contre, l’inconvénient d’avoir des sliders aussi visibles, c’est que tout le paddock savait qui l’avait perdu.

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Ne mets pas ton slider n’importe où, tu risques de l’abîmer très fort !

Les deux poireaux finissent leur journée par deux sessions où ils peuvent enfin rouler ensemble. C’est l’occasion pour Xavier de baisser ses chronos et atteindre un joli 1:11.8. Seb quant à lui ne parvient pas à raccrocher ses chronos habituels. Chaleur, fatigue, émotions, les bonnes excuses sont là. Ou alors il n’a pas su assez se sortir les doigts, qui sait ? Bref, le Luc est loin d’être un circuit maudit. Il est ce qu’on en fait.

Vient l’heure de remballer et de dire au revoir. Boire une bière et discuter avec les potes, ou rassembler notre bazar éparpillé pendant la journée ? Les deux bien sûr, ce qui fait qu’on est dans les derniers à partir. On est crevés, bien sûr, mais lassés jamais : on y retourne le surlendemain pour une journée parents-enfants organisée par le Moto Club. A suivre donc !

2 thoughts on “La Poirsouille Endurance Team et le circuit maudit”

  1. Morale de l’histoire : y repenser à deux fois avant de titiller Knacki et ses chronos sur piste , ce garçon défend au besoin son pré carré à coups de mawashi geri .
    Ou comment, alors qu’on croit être Team manager, se retrouver intronisé d’abord mendiant de fonds de bidons d’huiles moteur, puis infirmier en campagne….

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