Poireaux, en vert et contre tout

Ma mère m’a toujours dit d’être poly

La première fois que j’ai essayé la piste, j’y suis allé avec ma moto de route, comme beaucoup. Et bien sûr, elle avait son carénage d’origine. Bon il faut l’adapter au roulage sur piste, ça ça va. Mais si je chute, que va-t-il arriver à mon beau carénage ?

Petit rappel. Pour adapter sa moto de route, il faut retirer les rétros, mettre du scotch sur les optiques (et penser à retirer les fusibles avant, pour éviter les traces de scotch fondu). Vous êtes prêts, vous pouvez vous élancer, bouffer du chrono, pourrir vos collègues… jusqu’à la chute. Évacuons tout de suite la grosse chute qui plie la moto et la transforme en tas de ferraille dégoulinant d’huile. Là on est tous égaux, la journée est finie, on remballe. Non, je parle d’une belle glissade qui se termine en laissant la moto s’ébrouer dans le bac à graviers. Mais je parle aussi de la petite chute bénigne, à faible vitesse. On s’en tire avec des bleus tout au plus, et la moto peut repartir sans problème. Mais le carénage est râpé, fendu voire explosé. Pour finir votre journée piste, passe encore. Mais ensuite, réparer un carénage coûte une blinde, en racheter un neuf aussi, et je ne parle même pas du remplacement des optiques (exemple récent : 20 euros pour un misérable cabochon de clignotant).

Vous comprendrez que dans ce cas on pense vite au poly, même si on n’a jamais chuté. Nous avons jugé qu’il valait mieux faire une dépense initiale plutôt que se retrouver dans une galère sans nom pour pas grand chose. Alors le poly, qu’est-ce que c’est ? C’est un carénage piste en polyester (d’où son petit nom), souvent renforcé au kevlar aux points de fixation.

Ses principales qualités ? Il est léger, flexible et résistant. Ça tombe bien, les deux dernières qualités répondent à l’angoisse de la chute du paragraphe précédent. Pour une chute pas trop grave, le poly va se déformer. Il sera râpé, il aura des trous, mais il ne va pas exploser en morceaux. C’est là qu’intervient une autre qualité : il est réparable facilement. Un petit tour chez un détaillant automobile vous équipera en fibre de verre, mastic de rebouchage et de finition, et la réparation vous demandera certes de l’énergie et du temps, mais elle est à la portée de n’importe qui.

Nous avons donc fait le choix d’équiper de polys nos routières de l’époque (SV-S et ZX6R), pour les déguiser en pistardes pour nos journées sur circuit. Nous avons opté pour des polys neufs. Ils sont nickel, tout beaux tout propres, prêts à être posés… enfin presque. Il faut percer les trous de fixation, et ajuster le poly. Ce n’est pas une mince affaire, il a parfois fallu qu’on joue du Dremel pour qu’une pièce s’ajuste correctement. Le poly se fixe au cadre normalement aux mêmes endroits que le carénage d’origine (à l’exception de nos CBR où des pattes de déport sont nécessaires…), quelques tours de vis et c’est réglé.

Jpeg
Poly présenté et percé

La petite touche “pistard averti” c’est de mettre des vis quart de tour : il faut alors riveter ou enficher la fixation de base, et la vis se met ou s’enlève à la main quasi sans effort. Le gros inconvénient : le prix. Ce ne sont pas des vis qu’on peut se permettre de perdre !

La classe du pistard
La classe du pistard

Le poly, c’est aussi l’occasion de personnaliser votre moto de piste. A vous la déco replica de vos rêves, ou une déco personnalisée à votre image. Vous pouvez la faire faire, ou bien mettre la main à la pâte. La Poirsouille Endurance Team ne recule devant rien (j’ai bien essayé mais j’ai pas trouvé la marche arrière sur la CBR) et nous avons nous-mêmes peint nos premiers polys.

L'embarras du choix - ou alors une magnifique déco arc-en-ciel
L’embarras du choix

Tout d’abord une longue étape de ponçage au papier de verre vous attend, avec un grain de plus en plus fin. Il faut enlever toutes les aspérités du poly brut. Ensuite cela dépend de la technique que vous avez choisie. Pour une peinture à la bombe, il faut recouvrir le poly d’apprêt, puis faire plusieurs couches de la couleur choisie. Enfin il faut passer une couche de vernis. La  peinture au pistolet demande plus de maitrise, mais le coût de revient est bien moindre que les bombes de peinture.

Dans tous les cas si la déco est unie c’est facile. Sinon munissez-vous de scotch de masquage et de papier journal pour cacher les parties à ne pas peindre et soyez très soigneux sur votre masquage. Pour finir, quelques autocollants seront du plus bel effet.

Et pour les CBR ? Nous sommes en train de préparer activement la déco pour la course. Cette fois-ci plus de peinture, nous avons choisi les panneaux autocollants. Mais nous vous en parlerons dans un prochain article.

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