Poireaux, en vert et contre tout

Tout est bon dans Lédenon (1/2)

Après presque six mois, il était temps de retourner sur ce circuit qui nous intimide et nous fait envie à la fois. Et cette fois-ci on y a passé deux jours, pour en profiter à fond, se faire plaisir et s’entrainer.

Deux semaines avant le départ, on a commencé à scruter la météo sur tous les sites possibles, et ce n’était pas très optimiste. La pluie menaçait pour notre première journée de roulage. On a un train de pneus pluie et un plan pour récupérer une jante arrière, comme ça si c’est impossible de rouler en slicks on n’aura que l’avant à faire changer pour pouvoir attaquer sous la pluie. Mais la veille du départ on s’aperçoit qu’il nous manque une entretoise sur la jante, et impossible de récupérer celles qui sont sur nos propres jantes… alors tant pis, on laisse les deux motos en slicks, d’autant que la météo semble s’améliorer finalement, du moins on croise les doigts. On prévoit quand même d’emporter le matos pour changer les pneus au cas où.

Comme d’habitude, on a un bazar pas possible à emmener : le barnum, le compresseur, la caisse à outils, les bidons, l’équipement, ah et les motos aussi. On finit de tout emballer sous quelques gouttes de pluie, ce qui ne nous rassure pas.

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Le mouillé c’est dans la tête

Mais finalement on fera la route au sec. On arrive sur place le dimanche soir, enfin dans un camping à 20 minutes du circuit. Après le repas du sportif (saucisson, bière, pâtes 😉 ) c’est l’heure d’un repos bien mérité.

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Des meules, des bières, la vie

Et à 23h, c’est la saucée tant redoutée. On prie pour que l’orage s’arrête avant le matin… et c’est le cas, le soleil pointe même ses rayons à travers les nuages.

On arrive au circuit, la route est toujours aussi défoncée mais on a l’habitude maintenant, on n’a plus peur de mettre les motos par terre au moindre dos d’âne. On s’installe sur les paddocks, on va s’inscrire et prendre un indispensable café, puis on fait passer les motos au sonomètre. Vu que la dernière fois on a mis des chicanes sur nos pots exprès pour ce circuit, on se dit qu’on n’aura pas de soucis. Mais Pif est limite avec 99 dB pile et Paf dépasse la limite autorisée avec 102 dB. Heureusement, on ne nous interdit pas de rouler mais les organisateurs laissent planer la menace de se faire sortir d’un roulage lors des contrôles dynamiques. Ça ne nous rassure pas pour le déroulement de la journée.

La piste est quand même bien mouillée, donc on décide de ne pas prendre de risques et on fait sauter la première session du matin. Après tout, on a deux jours pour rouler jusqu’à plus soif. On en profite pour lier connaissance avec notre voisin de paddock, un boulanger venu de Savoie poser les roues de sa CBR 600 RR sur le circuit de Lédenon (et dont on n’a pas pensé à demander le prénom, honte à nous !).

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Ça sèche, mais on ne préfère pas s’y aventurer en slicks pas encore rodés

Deuxième session : on enfourche (enfin !) nos meules et c’est parti, mais la reprise est dure ! On ressort exténués et moyennement confiants : on est dans le groupe des confirmés, groupe très disparate et blindé lors de cette journée (50 pilotes). Donc on se fait déposer assez salement par des mecs qui roulent bien fort mais pas très propre. Bon, c’est le jeu, personne n’a dit que la piste c’était le monde des bisounours, mais ça n’aide pas à se remettre dans le bain et à retrouver ses trajs.

La piste du monde des bisounours : le circuit de LSDenon

Ceci dit, on ne boude pas notre plaisir : Lédenon est un circuit de malade, avec des courbes, du dénivelé, des dévers, bref on savoure. En plus le temps se maintient toute la journée, pas de pluie ni de vent, l’idéal. Cette première journée péchera donc plutôt côté progression : les chronos descendent petit à petit mais on n’arrive pas à égaler nos meilleurs temps.

On finit donc la journée sur un léger découragement, mais on est prêts à attaquer le deuxième jour avec la gnaque.

Xavier

Cette première journée a été difficile. Je revenais sur ce circuit qui, comme on l’a dit, me donne envie tout en me faisant peur. Et qui est loin d’être facile. J’avais envie de renouer avec mes anciens chronos, et de les dépasser, de passer sous la barre des 1mn40. Pour me prouver que j’en étais capable. Et pour me rassurer aussi pour l’année prochaine. Je suis sorti de la première session avec une énorme banane: qu’est ce que c’est bon de poser de nouveau ses gommes sur le circuit. De pouvoir accélérer et freiner juste pour aller plus vite et passer mieux, sans se soucier des voitures, des prio à droite ou autres bouches d’égout. Bon ok, mon chrono était tout pourri: 1mn50.

La deuxième session est sur la même lancée et annonce de bonnes choses: je claque un 1mn44 (oui, je claque, car j’étais fier de moi d’avoir réussi à accrocher à 2s prêt mon meilleur chrono après seulement une journée au Luc et deux sessions à Lédenon).

C’est donc le coeur léger que je vais manger. Je soupçonne le circuit de faire exprès de la bouffe dégueu pour qu’on ne se goinfre pas et qu’on puisse profiter un max de nos roulages.

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Ceci dit, la vue est sympa

Arrive l’après midi et là, c’est vachement moins fun. J’ai l’impression de me retrouver à un concentré de Ducatistes enervés. Ils passent à l’inter, à l’exter, voir même au dela des vibreurs pour doubler. Et ça ne me met pas en confiance. J’arrive à accrocher un 1mn46 à la première session et à améliorer un peu mais je n’arrive pas à faire moins que le matin. Je reste sur un meilleurs temps en 1mn44

Dans le triple gauche je suis à l’arrêt, je me fais déposer par tout ce qui roule (heureusement que les vieux en déambulateurs n’étaient pas autorisés, là ça aurait été la lose 😉 ) Et je manque de gniack, je laisse la moto avancer toute seule, je ralenti sagement avant de freiner pour la courbe. J’suis en mode ballade sur la route.

Bref, je me mets la pression, je ne prends pas de plaisir et les autres me font peur. Je sors de la journée avec le moral dans les bottes. Ayant mal dormi deux nuits d’affilé, je suis en plus HS. Et je vois les choses en noir. Je me demande si on va y arriver. Si les poireaux que nous sommes seront capables de se qualifier pour l’endurance de nos rêves. Et que même si ce n’est qu’une O3Z, on crève d’envie de la faire.

Heureusement ma chérie me remonte le moral, Quick aussi. Le tout secondé par une bonne douche, un apéro et quelques verres de Diplomatico 🙂 Puis il y a aussi les gens de twitter (@PistardsRhonalp et @ZeoV4 entre autres), qui même s’ils ne me connaissent presque pas, me donnent des conseils et m’encourage. C’est con mais ça fait chaud au coeur.

Puis mine de rien je pense aux potes de Poirsouille (http://forum.poirsouille.org/) qui sont prêts à nous suivre dans notre aventure. Y en a qui sont même prêt à s’entrainer dur pour changer une roue en moins d’une minute.

Donc sur ces idées qui tendent vers le gris, je me couche (tôt, très tôt) et je m’effondre comme une masse (il parait que je ne peux pas m’effondrer comme une plume avec mon gabarit) et je prends le repos qui va me permettre de me reprendre en main demain.

Quick

Pour moi non plus ce ne sera pas une journée mémorable. Lors de mon dernier roulage sur le circuit du Luc, je n’ai pas réussi à accrocher mon meilleur chrono et surtout, je n’ai pas réussi à me donner à fond. Pour ce roulage, j’avais envie d’effacer ça par une bonne progression. Je me disais que c’était jouable car mon meilleur chrono n’est pas folichon : 1:54. Mais je pars en petite forme, mes pneus sont neufs et la piste humide donc je manque de confiance en mon adhérence (même si objectivement ça accroche parfaitement). Xavier et notre voisin attaquent la journée par un chrono de 1:50, un échauffement pour eux mais un objectif pour moi. Mon chrono ne s’est pas déclenché pour la première session, c’est mon excuse pour ne pas donner de chrono décevant 😀

Autant le dire tout de suite, les chronos seront effectivement décevants toute la journée. J’arrive tout de même à me faire plaisir sur le circuit, même si je suis le plus lent du groupe. Je me fais déposer par des dépassements dans tous les sens ce qui n’aide pas à la sérénité. Mais je suis quand même vraiment content d’être sur ce circuit. Je trouve des sensations, je frotte le genou, je ressors épuisé de la session. Et c’est alors que le chrono me rappelle à la dure réalité, je suis lent 😛 Un des orgas de l’Aspi Racing viendra me voir à la fin de la matinée pour me conseiller de faire attention à mes trajectoires et que ça ira beaucoup mieux pour moi si je m’applique à suivre les cônes. Je suis un peu perplexe et vexé car je pensais avoir des trajectoires plutôt propres, mais je prends quand même le conseil à sa juste valeur et je ferai l’effort de déclencher mes virages aux cônes et d’approcher au plus près des points de corde (c’est sûrement ça qui me fait le plus défaut).

À la deuxième session de l’après-midi, on décide d’échanger les motos. Je n’ai jamais conduit la CBR de Xavier mais je n’ai pas d’appréhension car après tout c’est le même modèle. Je trouve la position plus agréable car les guidons bracelets sont moins écartés (oui je suis bizarre, je suis moins à l’aise sur un roadster que sur une sportive qui casse les poignets). C’est aussi là que je “découvre” que je suis beaucoup plus à l’aise en étant reculé sur la selle : je suis plus mobile et je me sens mieux sur le circuit. Mais malgré tout les chronos ne baissent pas, je reste sur du 1:56.

Je finis donc la journée avec un peu plus de patate qu’au début, mais j’abrège plusieurs sessions pour cause de fatigue, et parce que me fais peur plusieurs fois lorsque je me fais dépasser. Une moto qui me frôle presque me force à écarter ma trajectoire, ce qui me rapproche d’une autre moto qui me dépassait par l’autre côté. Ça entame ma confiance et je sors de piste au tour suivant.

Que je sois à fond ou déconcentré, je reste sur les mêmes chronos, ce qui me frustre pas mal. Je me pose des questions sur moi et la moto, est-ce que je peux mener un 1000 ? Je suis conscient qu’il faut que je change quelque chose dans mon état d’esprit plus que dans mon pilotage, parce que côté technique ça va même si ce n’est pas parfait. Malgré ou à cause de toutes ces questions, je suis donc content que la journée se termine, car je suis épuisé. Et je suis bien décidé à m’améliorer le lendemain.

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Malgré tout, on est super fiers de rouler sur ce circuit, avec des meules pareilles 🙂

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