Poireaux, en vert et contre tout

La dernière… avant la prochaine

Les 12 et 13 octobre se tenait la finale du Championnat 25 Power. Hors de question pour nous de louper cette course, qui clôture la saison mais qui est aussi la plus proche de chez nous.

Des quatre points cardinaux

Un accueil digne des Bisounours, mais sur la piste pas de pitié

Histoire de changer, l’équipe a traversé la France pour se rejoindre à Alès. Claire et Romain de Lyon, Laurie de Toulouse, Seb, Michel, Vilo, Aurélie, Clem et les deux mini-monstres des Alpes Maritimes. Et moi ? Comment dire. Alès est la course la plus proche de chez nous, à peine 3 heures de route. Sauf que je dois aimer les longs trajets car je suis actuellement en Nordie (ouais, la région parisienne est au nord et puis c’est tout !). J’ai donc eu la joie de goûter aux plaisirs des chemins de fer français. Je coupe court aux mauvaises langues, il n’y a pas eu de retard.

L’accueil était au top car c’était Alexis, du team Sport Moto 63 qui a fait chauffeur de maître avec une magnifique pancarte. Plus pilote pro que ça je ne vois pas.

Arrivé premier sur le circuit, je vois rapidement arriver le camion rouge de la Poirsouille. Michel le pilote avec habileté vu qu’il est presque plus petit que sa voiture (le camion, pas Michel) et on peut commencer à déballer le matériel. Une affaire rondement menée qui nous permet donc de profiter de la douceur du temps avec une bière à la main. Mais aussi de découvrir les horaires de roulage. Là, c’est la bonne blague : au lieu d’avoir 3 fois 30mn le samedi, 15mn le dimanche matin et la course le dimanche après midi, on découvre que le samedi ne verra que deux sessions, une d’essai et une de qualif, tandis que le dimanche verra une session de qualif de 30mn précédée d’un warm-up de 5mn. Au final, on se fera même sucrer les 5mn supplémentaires. C’est rigolo comme on arrive à avoir de moins en moins de roulages.

On en profite aussi pour discuter un peu de ce qu’on veut faire ce week-end. Dans un premier temps ne pas tomber. Perso j’en ai marre de me faire mal. Puis ça fait perdre du temps de roulage. Secundo, finir la dernière course de la saison. Tertio, finir devant les 63. Idéalement finir 4 places devant eux et ainsi les pourrir au classement de l’année.

Une fois les objectifs définis, on va prendre possession de notre logement et on prend l’apéro en attendant Romain et Claire qui rapportent le diner. Ils sont arrivés tard. On a donc bu beaucoup d’apéro…

Poireaux en rangs d’oignons

Un samedi au soleil

Les fières couleurs des poireaux flottent sur les paddocks

Le gros point positif du planning est qu’on pouvait faire la grasse mat’ le samedi matin et débarquer en fin de matinée sur le circuit. C’est à ce moment là que Chérie a débarqué avec mes deux mini-monstres. Ces dernières ont pu s’éclater en faisant le tour du circuit à vélo et en éclatant le record au tour de quelques-uns (oui, je suis un papa donc pas très objectif). On a ainsi pu parler repères et traj’ avec Vilo qui n’avait jamais roulé sur ce circuit. Arrive rapidement l’essai libre. Vilo débarque sur la piste et prend ses marques. Seb est rapide et je me traine un poil plus. Pour la qualif du jour, on décide de tous faire 10mn afin d’avoir une chance de claquer un chrono ou d’engranger du roulage.

Vilo améliore. Il est un peu énervant ce jeune homme quand même. Il a beau rouler beaucoup sur route, la dernière fois qu’il avait posé les gommes sur piste c’était en début d’année lors de la première course du championnat. Et ça n’a pas manqué, il a bien amélioré.

Seb s’élance en second et arrive à claquer un chrono en 1mn08. Pas mal du tout le bougre. Sauf qu’il fait une erreur de pilotage et fout la bécane par terre. On n’avait dit pas de chute mais ce garnement n’en fait qu’à sa tête. Heureusement pas de dégâts pour lui. Il ramène la machine et on commence les réparations. Sauf qu’au bout de quelques minutes on s’aperçoit que le sélecteur est mort et nous n’en avons pas sous la main*. C’est donc mort pour la fin de session et la fin du roulage de la journée. Bilan, 20mn pour Seb et Vilo, 10 pour moi. On reste sur notre faim.

Heureusement il y a de quoi s’occuper avec la mécanique. C’est aussi l’occasion pour moi de mettre en pratique quelques trucs que j’avais appris la semaine précédente pendant ma formation. Il n’y avait pas beaucoup de boulot mais des trucs chiants, comme une vis bien tordue qu’il faut découper et que nous n’avons pas en stock. Vive les magasins de bricolage !

La fin de journée se déroule tranquillement, avec un bon petit plat concocté par Laurie et sur la table de massage de Michel.

 

Dimanche pluvieux, dimanche heureux

La météo n’était pas super optimiste pour la course. On espérait passer au travers des gouttes le matin, et ce fut à moitié le cas. Histoire de m’assurer un peu de roulage et essayer de me détendre, je pars en premier. La piste est sèche et j’enchaine les tours jusqu’à ce que je voie le panneau box. J’arrive dans les stands pour passer le guidon à Seb quand je me fais arrêter par un officiel. Je dois passer au sonomètre. En pleine session. Pas de souci, notre moto sort dans les 95dB à chaque CT. Sauf que là, ce n’est pas moi qui tourne la poignée de gaz (très) sensible. Et l’officiel monte à 7000 tours/minutes au lieu des 4500. Effectivement, dans ce cas là la moto crache plus de dB. 103 pour être exact. On doit donc partir à l’arrach monter la chicane et repasser le sonomètre. Encore 5mn de perdues… Pendant ces 5mn la pluie fait son apparition. Quelques gouttes qui font glisser la moto sur les quelques mètres qui séparent le sono de notre stand. J’avoue que j’ai eu deux mauvaises expériences avec des slicks et de la pluie cette année : une fois à Varennes et une fois aux 23h60. On décide donc de monter les pluies. On va gentiment dire que ce n’est pas notre idée la plus géniale du week-end vu qu’on passe le reste de la session à le faire. Mais (car il faut toujours voir le côté positif des choses), cela nous a permis de nous rendre compte d’un truc ou deux à corriger avant la course.

La pluie qui s’est invitée se fait de plus en plus présente et la piste est déclarée WET pour les courses du matin. On profite de ce moment pour installer des pneus pluie tout beaux tout neufs pour assurer la course.

Des panneauteuses prêtes à braver les éléments

Grâce au chrono de Seb nous sommes 34 sur 43. Michel décide que je prendrai le départ vu que mon physique de bûcheron permet de ne pas trop se faire emmerder sur les premiers tours. Sauf qu’on s’embrouille un peu et que j’arrive très tard en pré-grille. Du genre à presque me faire refouler et à devoir partir des stands. Tout ça sur une pluie battante. Arrivé sur la grille, un officiel me demande d’allumer mes feux. Qui le sont déjà. Il me fait remarquer alors qu’ils ne sont pas très lumineux. Ce dont je me fiche un peu à ce moment là vu que la moto a passé le CT et que j’aimerais bien rejoindre ma place sur la grille. Place sur laquelle je cale. La moto refuse de redémarrer et les commissaires commencent à me dire de me caler sur le côté. Ouf, la Carotte pousse son cri et me permet de m’élancer sur les deux tours de chauffe. Je ne suis pas serein mais ça va le faire.

Avant le départ, la tension monte…

Placé à gauche sur la grille de départ, je dois essayer de ne pas me faire bloquer. Mais surtout je dois éviter les autres concurrents. En effet, les premiers tours sont souvent sportifs, et les deux premiers virages un carnage. Je m’élance et réussis à éviter quelques concurrents dont deux qui ont décidé de goûter le bitume dès le deuxième virage. Je prends mon rythme de croisière… sur un rythme de plaisance. La piste est mouillée et même si je suis en pneus pluie je n’arrive pas à me détendre. Cerise sur le gâteau, mon écran se retrouve couvert de buée et je n’ai que quelques centimètres de vision sur le haut. C’est top quand tu dois ouvrir l’écran pour désembuer dans la ligne droite, et le recaler juste avant le freinage. Autant vous dire que je suis raide comme un manche à balai sur la moto.

Quand je sors, nous sommes plus ou moins à la même place. Mais Seb nous sort le grand jeu. Il aligne des chronos pas dégueulasses du tout. Comme quoi le mouillé c’est dans la tête. Vilo prend le troisième relais et améliore encore ses temps (je vous ai déjà dit que ce garçon était énervant ? ). Pour l’instant notre course se passe bien. C’est un peu moins le cas pour nos adversaires amicaux, les 63. Un de leur pilote tombe et se fait bien mal. Les deux autres se demandent s’ils doivent finir la course ou pas. Ils prennent la bonne décision : se battre jusqu’à la fin !

De mon côté je reprends le guidon. La piste est de plus en plus sèche et même si les pneus pluie gigotent un peu, ils tiennent le pavé. Afin de me détendre, j’alterne deux chansons que je chante sous mon casque : Cayenne de Parabellum et Petit Escargot (d’un auteur inconnu). Par contre, pas moyen de me souvenir des paroles de la fille du coupeur de joints. Et ça marche ! Les chronos tombent comme les bières à un apéro de la Poirsouille. Je vois à deux ou trois reprises clignoter la LED de l’écran du 3DMS, me signifiant que j’ai amélioré le chrono de l’équipe. Je me paye même le luxe de dépasser Alexis sur la 63. Manque de bol, monsieur doit sortir juste après, il n’y aura donc pas de baston de fin d’année entre les deux grandes gueules.

Mais à deux tours de la fin, la #6 tombe devant moi. Oui, la même qu’au Creusot. Plus ou moins au même moment je commence à entendre un cliquetis dans le haut moteur et j’ai l’impression de perdre de la puissance. Accessoirement, j’ai aussi une platine de repose-pied qui s’est à moitié fait la malle, ce qui est pas super pratique pour les changements de rapport. Pour ce dernier point, c’est vite réglé lors de mon passage de relais à Seb. Pour la question de la puissance, il va falloir attendre car le safety car est de sortie. Alors que pas mal de teams en profitent pour repasser en slick, nous décidons de continuer avec les pneus pluie vu qu’ils tiennent bien le pavé pour l’instant. Seb mène alors la course. Enfin, il est juste derrière la safety car avec une quarantaine de gugusses derrière lui. La pression est palpable dans l’équipe car même si on sait que notre pilote n’est pas une tête brulée, on sait aussi que les autres peuvent être morts de faim. La safety car sort et tout le Poirsouille Endurance Team retient son souffle. Premier virage passé, Seb est toujours sur ses roues. Deuxième idem. C’est bon, il est sorti d’affaire. Sauf qu’il roule à plusieurs secondes de ses chronos. Soit il a du mal à se remettre dans le bain après la safety, soit le moteur manque de watts. Lorsqu’il sort, le verdict est clair : la moto ne prend plus les tours**.

Il nous reste 1h30 de course. Soit on laisse tomber, soit on continue. Sauf qu’on n’a pas envie de lâcher l’affaire. Alors c’est reparti pour un tour. On espère que la moto tienne le choc et qu’on ne se retrouve pas avec un moteur entre les dents. Vilo enchaine les tours et a quelques surprises supplémentaires : la moto fait parfois des ratés sur l’angle. Côté météo, la pluie refait son apparition et met au tas pas mal de teams qui avaient opté pour un passage aux slicks. Il sort de son relais à 45 mn de la fin et me file le guidon. Préserver la mécanique est ma priorité et surtout, surtout, ne prendre aucun risque. Il n’est pas nécessaire d’ajouter une chute à nos ennuis mécaniques. Avec la puissance en baisse, les lignes droites deviennent un vrai calvaire et je sors les rames pour avancer. Non, non, ce n’est pas une image, je fais vraiment mine de ramer, encouragé par nos panneauteuses de choc. Du côté des virages ce n’est pas toujours mieux car j’ai des à-coups à l’accélération. Je gère donc les gaz avec douceur histoire de rester sur mes deux roues. Coup de bol, la safety car sort de nouveau. Pour nous c’est un coup de chance car notre moto n’est plus compétitive et mine de rien les 63 ne sont plus qu’à quelques tours derrière nous.

Arrive le dernier relais. Seb a une consigne très claire si la moto tombe en panne : pousser ! Mais notre vaillante petite Carotte tient le choc, et offre même à Seb une fin sans trou de puissance sur l’angle. Fin qui va se retrouver une peu précipitée par une chute impressionnante d’un concurrent dans la ligne droite à 4mn de la fin. La FFM décide de sortir le drapeau rouge, ce qui signifie la fin de la course. Soulagement dans l’équipe : la moto en a bavé, mais elle a fini !

La vaillante Carotte a tenu jusqu’au parc fermé

Nous pointons donc 27èmes au scratch, soit 7 places de mieux qu’au départ. Un résultat agréable vu les 7,2 chevaux que devait sortir la Carotte. Si vous avez bien suivi, vous vous demandez où ont fini les 63 dans cette histoire. La bonne nouvelle c’est qu’ils sont derrière nous avec une 29ème position. La mauvaise nouvelle c’est qu’ils ne sont que 29èmes, soit à seulement deux places de nous. Ils avaient 3 points d’avance au championnat avant la course, ils en ont maintenant 1. Oui, un seul petit point séparent les amis jurés. Autant vous dire qu’on n’a pas fini d’en entendre parler.

 

Pour la conclusion, je vais citer Vilo, expert ès CR ultra-concis: “c’était bon, mais trop court 🙂

Le week-end a laissé des traces !

*Je soupçonne Seb de l’avoir cassé exprès pour être sûr que je n’améliore pas son chrono

**Seb me soupçonne d’avoir trafiqué le moteur pour qu’il ne puisse pas améliorer mon chrono