Poireaux, en vert et contre tout

Team Manager : l’homme de l’ombre

Le rôle de TM est essentiel, que ce soit dans le GMT94 ou dans un petit Team comme le nôtre

Quand on parle course moto, on pense aux pilotes, car ce sont eux qui assurent le spectacle. Mais tout autour, il y a du monde qui aide, et dont les rôles peuvent paraître futiles mais qui sont en réalité indispensables. On s’en rend bien compte pendant une course d’endurance car pendant 48h, tout le monde bosse. Oui, 48h car il y a les essais, les qualifs, la course et tout ce qu’il y a autour. Grâce à ces gens, nous pouvons nous concentrer sur la course et sur le pilotage, et nous avions envie de vous expliquer ces rôles, et en quoi ils nous sont indispensables. Aujourd’hui, on présente le chef d’orchestre de l’équipe : le Team Manager.

Pour avoir vu Michel, notre Team Manager, à l’oeuvre, on peut dire que ce poste est au moins aussi épuisant que celui de pilote. Peut-être pas physiquement, même si passer sa journée à courir partout casse les jambes, mais surtout nerveusement. On pourrait résumer en disant que son rôle est que tout se passe bien, mais nous allons détailler un peu plus.

Comment reconnaître un Team Manager

Premier indice : il a souvent un chrono autour du cou, histoire de savoir si ses pilotes roulent correctement et régulièrement, et savoir quand les pâtes sont cuites. Il se trimballe aussi avec plein de papiers : licences, feuille d’inscription, planning ou encore feuille de temps.

Second indice : il regarde tout et court partout. Avoir un œil sur le pilote en train de tourner tout en sachant quelle est la position du team et quel est l’écart avec le précédent. Autant vous dire que ce n’est pas un travail de tout repos et qu’il va abattre des kilomètres en marchant.

Avant la course

Les essais : ultime occasion de peaufiner une stratégie de course

Le rôle du Team Manager commence avant le week-end de course car c’est lui qui gère les inscriptions et qui est point de contact avec les organisations. Il regarde aussi la météo et son évolution pour pouvoir anticiper les stratégies. Il se renseigne aussi sur le tracé, discute avec les pilotes de la démultiplication à utiliser, plein de petites choses pour être prêt pendant le week-end.

Le Team Manager va aussi réfléchir sur comment organiser les essais, pour que les pilotes puissent progresser en fonction de leurs capacités d’apprentissage. Il faut trouver l’équilibre pour que les plus rapides le soient tout en laissant les moins rapides progresser (oui, chez nous il n’y a pas de lent).

Les qualifs

Après les essais, le Team Manager va devoir faire un choix pour que la moto soit bien placée sur la grille de départ : quel pilote envoyer à quel moment des qualifs. Il faut savoir qu’en 25 Power, seul le temps le plus rapide de la moto est retenu, ce n’est pas la moyenne des meilleurs temps de tous les pilotes d’un team qui est pris en compte, même si tous les pilotes doivent rouler pendant les qualifs. Le TM va donc décider qui envoyer, pour combien de temps et à quel moment. Par exemple, sur la dernière course, la première qualif était sur le sec, alors que la météo (encore elle) prévoyait de la pluie pour la deuxième. Il était donc plus judicieux d’envoyer les plus rapides à la première qualif. Mais il faut savoir gérer le trafic, les débuts de session étant souvent plus… bordéliques et empêchant d’avoir des tours clairs pour claquer un chrono. Le TM peut aussi être amené à prendre des décisions au cours des qualifs s’il voit qu’un pilote ne progresse plus ou montre des signes de fatigue.

Pendant les essais et les qualifs, il faut aussi mesurer la consommation d’essence, pour planifier le ravitaillement pendant la course, et savoir quelle est la marge de manœuvre.

La stratégie de course

Une fois les qualifs faites, le Team manager va décider de la stratégie à adopter. Mais il ne le fait pas tout seul, pour cela il demande à ses pilotes leur retours sur les essais et les qualifs, leur forme physique, leurs envies. Habituellement, nous faisons ça autour d’un apéro, histoire de bien s’hydrater. Avec toutes ces infos, le TM va décider qui va prendre le départ : cela peut être le plus rapide, mais ce n’est pas le seul facteur à prendre en compte, il faut aussi voir la place sur la grille, la rapidité de mise en action, l’expérience, la capacité à se battre et à prendre (ou pas) des risques. Il va aussi planifier les relais en fonction de la forme physique de chaque pilote et de son endurance.

La course

Le compagnon indispensable du TM pendant la course

Avant la course, le TM vérifie que la moto est opérationnelle et que les pneus adéquats sont montés. Et il dispense ses derniers conseils. Bon, on soupçonne que c’est aussi pour faire baisser son propre stress, car pendant toute la durée de la course il va en avoir plus que sa dose.

Pré-grille, le team manager prépare son chrono pendant que le pilote qui va prendre le départ se place sur la grille. Au moment où le drapeau s’abaisse, le compte à rebours commence et le TM sait que pendant 4h il va devoir être sur le pont. Même si la course se déroule sans accroc, la tension est énorme et il faut être prêt à réagir rapidement en cas d’incident de course : safety car, changement de météo. Une décision efficace peut faire gagner des places !

Le TM peut aussi décider d’écourter le relais d’un pilote s’il voit que celui ci est en difficulté. Cela nous est arrivé sur la course à Roanne (vous pouvez relire le compte rendu ici), Seb n’étant pas à l’aise sur son premier relais. Michel a donc décidé de le faire rentrer plus tôt et est venu me demander de discuter avec lui, ce qui a porté ses fruits. Le TM doit aussi prendre en compte l’humain qui se cache en chaque pilote afin que celui ci apporte le plus possible à l’équipe.

A la différence d’un chef d’orchestre qui doit suivre une partition, le TM peut improviser et changer de programme. Par exemple, lors de la dernière course, et première de Vilo, Michel est venu me voir pour discuter de l’arrivée : je devais la faire car l’ordre des relais me plaçait sur la moto à la fin de la course, mais d’un commun accord, nous avons voulu offrir le drapeau à damier à Vilo.

Préparation à un relais : le TM est là pour aider mais surtout pour débriefer le pilote à chaud

Une autre caractéristique d’un bon Team Manager comme le nôtre est la communication. Nous l’avons vu, il faut parler avec les pilotes entre leurs relais. Mais il faut aussi communiquer avec eux lorsqu’ils sont sur la piste, savoir quelles sont les infos utiles. Le Team Manager bosse alors en étroite collaboration avec le panneauteur (que nous présenterons la semaine prochaine). C’est lui aussi qui va prévenir les mécanos de se tenir prêts en cas de chute ou pour un relais standard.

Dans tous les cas, le Team Manager est le seul à décider pendant la course. Personne dans le team n’a le droit de critiquer une décision tant que le chrono tourne. Cela peut paraît évident à certains et totalitaire à d’autres, mais il faut savoir qu’en course, le temps est compté, et que nous n’avons pas le temps de débattre sur le bien fondé de telle ou telle action. Mais pour que cela marche, il faut faire confiance à son TM, savoir qu’il va prendre la meilleure décision possible avec les informations qu’il a sur l’instant. Coup de bol, nous on a un super Team Manager.

Après la course

Une fois le drapeau à damier passé, il y a encore du boulot. Si le team a fait une erreur pendant la course, c’est le Team Manager qui est responsable de l’équipe devant le jury, et ça sera à lui d’expliquer notre point de vue sans se départir de son calme.

Une fois la tension retombée, il va faire l’analyse de la course, voir les points forts et les points faibles de chaque pilote. Il va aussi prendre le ressenti de chacun, écouter les critiques, discuter des décisions qu’il a prises pendant la course. Son objectif est de faire progresser toute l’équipe, sur la piste et dans les stands.

Homme de l’ombre par excellence, le TM est un rouage indispensable d’une équipe d’endurance. Sachant garder la tête froide, il doit être capable d’agir au mieux pour l’équipe dans sa globalité mais aussi pour les pilotes individuellement. A la Poirsouille Endurance Team, on a de la chance, on a un Team Manager à qui on fait confiance, qui nous fait confiance et qui prend son rôle très à cœur. Merci Michel.