Poireaux, en vert et contre tout

Petit poireau devient grand

Jour 2. Le réveil fait encore plus mal que la veille. Faut dire qu’on a la fatigue et les bières du vendredi en plus du manque de sommeil. Mais on est motivé, car aujourd’hui on roule en pilote. Bon ok, y aura pas que du top gun, le niveau étant plus faible que la veille. Mais on ne va pas faire la fine bouche, hein. En plus on part en balles neuves. Bref ça va être que du bonheur. En plus, y a les copains de Tortue Team et on est dans un box.

Bon, ok, pour le box, ça fait un joyeux bordel. Y a des motos partout, du matos qui traine, des combi à ne plus savoir qu’en faire. Mais ça fait plaisir. On va parquer nos CBR dehors, elles prendront le soleil et on galérera moins lors des pauses.

Bon, c’est pas tout mais faut pas trainer, on roule à 9h aujourd’hui. On fait la queue au sonomètre, avec une petite peur de se faire refouler. Hier on avait le droit à 100dB, aujourd’hui c’est 95. On a les pots d’origine mais bon. Au final, un coup d’œil au pot, un petit coup de gaz et on reçoit l’autocollant.

On s’équipe vite fait et c’est déjà l’heure. On y va mollo, faut roder les pneus. Par contre les autres pilotes n’ont pas ce genre de soucis et on se fait pas mal déboiter. Ça ne me pose pas trop de soucis niveau chrono car je signe un tour en 30. Mais Seb a plus de mal. Il n’est toujours pas réveillé et il n’aime pas se faire déposer. C’est un truc à bosser car malheureusement, il n’est pas (encore) le plus rapide. Il signe quand même des chronos en 33, ce qui est pas mal du tout.

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On va arriver à la deuxième session, et il faut que je vous avoue un truc: je suis très exigeant avec moi. Seb dirait que je le suis aussi avec les autres et il n’aurait pas tort. Vu que j’ai atteint mon objectif de passer sous la minute et demi hier, il m’en faut un autre. Mais attention, je ne fais pas les choses à moitié. Je décide qu’aujourd’hui, je vais afficher un 1mn25 sur le chrono, rien de moins. Il n’y a pas de raison, je suis bien sur la moto, je commence à être à l’aise sur le circuit et encore plus important, je ne me fais pas peur. Car oui, le secret pour rouler vite n’est pas d’être à l’agonie et de forcer, le secret est de rouler propre. Surtout à Alès.

J’attaque donc la deuxième session avec cet état d’esprit. Et figurez vous que ça marche pas trop mal du tout vu que je signe 2 chrono en 26.

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Et voici le chrono immortalisé

Ça me motive bien pour la dernière session de la matinée et ça se ressent sur piste. Je suis bien, j’enchaine les tours, je passe plus fort. Je me retrouve à devoir monter des rapports là où avant je n’en avais pas besoin. Et c’est là que je vois 01:25.85 sur le chrono. Putain (oui, je m’autorise une petite vulgarité), je l’ai fait !

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Et Seb dans tout ça ? Seb ne s’est toujours pas réveillé. Il n’arrive pas à passer sous la barre de la minute et demi et ça le frustre. Il oscille entre 37 et 33. Bref, il n’arrive pas à se faire plaisir et ça lui prend la tête.

Mais c’est l’heure de la pause déjeuner. Seb décide de prendre des forces et avale 3 œufs durs. Ouais, j’ai du me rationner, mais il en avait besoin. Mais on est une équipe, il faut trouver des compromis. Il en profite aussi pour s’endormir un peu sur sa chaise, histoire de reprendre des forces.

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Un moment rare : l’hibernation du poireau sauvage

Ce traitement va être efficace car il va enfin retrouver la gniack et progresser pendant l’après midi. Il va améliorer ses trajectoires et de facto, ses chronos. Je pars derrière lui et je dois me battre pour le dépasser. Notre écart n’est plus assez grand pour que je puisse le doubler n’importe où comme avant.

Seb quelles sont tes impressions ?
Autant le matin j’étais mal à l’aise et frustré de mes mauvaises performances, ce qui m’aidait encore moins à me mettre dans le bain, autant l’après-midi je me sentais mieux sur la piste et j’ai réussi à trouver un rythme. Je n’avais alors plus qu’à accélérer ce rythme pour reprendre confiance en moi, et descendre le chrono. Je démarrais chaque session devant Xavier et je sentais qu’il était dans ma roue, ce qui m’incitait à tout donner. Certes je n’arrivais plus à le suivre une fois qu’il m’avait dépassé, mais ça ne m’empêchait pas de garder la cadence. A posteriori en regardant les temps au tour, je constate que dans l’après-midi je suis beaucoup plus régulier que la veille. Il semblerait que j’aie compris une chose ou deux sur ce circuit en fin de compte !

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Il te reste à apprendre à ranger ta tête derrière la bulle en ligne droite !

Pendant que Seb trouve un second souffle, je puise dans mes réserves. La fatigue est présente, et mes chronos s’en ressentent. Je dois aussi faire face à des problèmes nouveaux: les suspensions. Alors, oui, on avait commencé à régler nos suspats, mais c’était du préventif, parce que globalement ça marchait pas trop mal. Sauf que là, ça gigote plus, le pneu avant n’est pas correctement usé et j’ai même le droit à une frayeur sur un virage: l’avant s’est mis à rebondir. Hop, un petit passage au stand de Patrice, et on rajoute de la détente à l’arrière. Oui, à l’arrière même si le problème était à l’avant. C’est ça qui est chiant avec les suspats: c’est compliqué. En gros, le fait de toucher à la détente à l’arrière permet de faire mieux travailler l’amorto et donc de soulager la fourche. Évident, n’est ce pas ?

Je dois aussi régler un autre problème: les bottes, voire le repose pied, qui frottent. Alors oui, ça fait classe mais ça ne rassure pas pour mettre plus d’angle et surtout passer plus vite. Il faut donc que je revoie ma position. Accentuer le fameux bisou-main, c’est à dire plier mon bras intérieur au virage et ainsi baisser mon centre de gravité. La moto sera moins penchée et je pourrais passer plus vite. Sauf que c’est encore plus fatiguant. Mais je frotte moins partout, ce qui est positif.

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Sur la dernière session, je vais même avoir le droit à un double coaching. Patrice au début et un autre monsieur en S1000RR à la fin. Ça me permet d’accrocher des chronos en 1mn26 alors que je suis épuisé. J’aurai même le droit à un debrief après, avec des compliments dedans.

Quant à Seb, la dernière session sera SA session. Ce fichu chrono en dessous des 30, son objectif, est enfin atteint avec un beau 1mn29.72 Ça fait du bien à l’ego et ça montre qu’il n’a pas fini de progresser. Et le plus génial: il n’a pas forcé pour le faire. Alors oui, il a du affiner ses trajectoires mais jamais il ne s’est mis en danger. Réaliser ce chrono en étant serein et après deux jours de piste, moi je dis bravo.

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Mais la journée est finie. Enfin, faut encore ranger. Sauf qu’avant on se fait un petit plaisir à base de glace à la plancha. Ben oui, il faut bien refaire notre stock de calories 😉

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Le réconfort du pistard fourbu

Le bilan de ces 2 jours est vraiment positif. Déjà on s’est fait fait grave plaisir (encore un grand merci à l’orga Cévennes Moto Piste, on vous recommande chaudement de rouler avec eux). Mais aussi d’un point de vue compétition. Ça peut paraître prétentieux mais on commence à être bons. Oui, certains sont meilleurs que nous, mais nous ne sommes plus complètement des poireaux. Et ça nous rassure pour la course. Car oui, il n’y a qu’un seul truc qui nous faire peur pour notre première fois: les qualifs. Mais notre progression montre qu’on n’a plus besoin d’avoir peur. Avec -7s pour Seb et -10s pour moi par rapport au mois de mars, on est confiant pour la suite. Et ça tombe bien parce qu’on se rapproche de la course.

Photos de roulage : Loïc Rivier

 

 

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