Poireaux, en vert et contre tout

La loi c’est moi

Dimanche 8 mai 2016 – 5h45 – QG de la Poirsouille Endurance Team

Le réveil sonne, et c’est le cœur vaillant que le commissaire Xavier se lève. Il a une mission aujourd’hui. Il retrouve son coéquipier, le commissaire Seb. Ni une ni deux, ils sautent dans leur véhicule d’intervention, une magnifique Sandero noire, au moteur d’une puissance démoniaque, à l’esthétique retravaillée à grand coups de murets. Bref, une bête de course. En un clin d’œil, ils arrivent sur les lieux. Une barrière bloque l’accès mais Seb annonce l’équipe et la barrière s’ouvre. Sans un mot, nos deux héros sortent de la voiture. Ils veulent faire le reste du chemin à pied, histoire de sentir l’atmosphère et de tâter le terrain.

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Pilotes et organisation s’affairent pour que tout soit prêt

7h02 – Gattières – Poste de direction de course

Au poste de contrôle, on leur fournit leur ticket de rationnement, histoire d’aller vérifier que la buvette est bien conforme, une tâche de la plus haute importance. Pas de doute, on est dans le vif du sujet. Pendant ce temps, le reste de l’équipe vérifie les papiers des pilotes, des machines et que tout est en ordre selon le contrôle technique. Ils vont même jusqu’à vérifier le bruit des motos !

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Attente fébrile pour les concurrents qui ne sont pas passés au sonomètre la veille

Vers 8h, la réunion de crise commence. La direction de course forme les binômes et explique le plan. Nos deux commissaires formant une équipe soudée, ils seront ensemble. Leur poste: le numéro 2 (qui rappelle ce fameux 2 du 428). Leur mission est simple: servir et protéger. Il faut être prêt à intervenir rapidement en cas de pépin. Mais aussi contenir la foule pour éviter tout débordement. Leurs matos est la pointe de la technologie, et sert de modèle aux gadgets de l’agent 007. Il s’agit de deux gilets jaunes, symboles de leur fonction, mais aussi de deux drapeaux (un jaune et un rouge), un extincteur (mélange eau + additif, le top dans ces circonstances), un balai, de l’absorbant. Il y a évidement la fiche de pointage, qui va permettre de valider tous les passages, et l’indispensable moyen de communication avec le reste de l’équipe: la radio.

C’est dans un fourgon digne de l’agence tous risques que Xavier et Seb rejoignent leur poste. Celui-ci est idéalement situé, au point de corde d’une courbe rapide. Ils seront aux premières loges. On procède aux premiers tests radio. Les commissaires reçoivent la direction de piste haut et clair. Tout va bien. Après une petite attente, la course commence. Les premiers pilotes sont jeunes et limités uniquement par la puissance de leur moto. Au bout de quelques minutes, nos deux héros sans peur doivent agir. Un petit pilote est en détresse et doit s’arrêter: sa moto tourne comme une patate.  N’écoutant que son courage, Xavier met moto et pilote en sécurité pendant que Seb prévient la direction de course. En quelques secondes, c’est plié, et les prochains pilotes peuvent partir. L’action fut brève mais intense. Les autres pilotes passent, de plus en plus rapides. Certains se dressent même sur leur roue arrière pour épater leur maman (oui, oui, véridique). Et c’est la fin de la première montée. Un cortège de motos redescend, moteur coupé. Il n’y a que le bruit des roulements et du moteur des PW, qui ne peuvent pas compter sur leur inertie pour rejoindre le départ. Le spectacle est beau.

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Après la fureur des montées, le défilé des pilotes en descente est un moment apaisant

C’était les essais libres. On passe maintenant aux essais chronométrés. Le niveau monte. Les moteurs hurlent. Les trajectoires s’affinent. De leur poste, Xavier et Seb voient les pilotes passer tout près. En tendant le bras, ils pourraient les toucher. Mais leur rôle n’est pas de déranger les pilotes, mais bien de veiller à leur sécurité. Ombres parmi les ombres. Il faut d’ailleurs agir. Un chien est signalé sur la route au niveau du poste 6. Sans plus attendre, Seb dégaine le drapeau jaune. Le pilote qui passe sait qu’il doit couper. L’accident est évité. Une vie sauvée.

12h24 – Gattières – Poste #2

La route va être rouverte dans quelques minutes, la course est interrompue le temps d’une pause déjeuner bien méritée. Mais avant cela, nos deux commissaires doivent prévenir le public. Et oui, informer fait parti du job, et ainsi, pas d’accidents. La direction rappelle qu’on doit être en poste à 13h30 précises, sous peine de retard sur un planning déjà serré !

Le poste central a bien prévu les choses et c’est à leur poste que le plateau repas est fourni. Un petit détour indispensable vers la machine à café complète ce petit break. Il faudra être au top, c’est durant l’après midi que les montées de course vont être faites.

13h28 – Gattières – Poste #2

Xavier et Seb sont fins prêts, car les choses sérieuses commencent. On sent l’adrénaline monter. Les spectateurs sont de plus en plus nombreux et il faut absolument faire respecter les consignes: personne sur le circuit la route. Même si la majorité comprend que les motos passent vite et qu’elles utilisent toute la largeur de la route, il y a quelques abrutis qui font regretter à Seb et Xavier de ne pas avoir de matraques ou de taser dans leur pack. Ils font donc preuve de fermeté et n’hésitent pas à dire de dégager la route. Car sur la route, ça déménage. Fini le repérage du matin, les pilotes donnent tout. A tel point que Xavier et Seb ne peuvent se tenir juste au bord de la route, les guidons passant au delà du trottoir à certains moments. Et nos deux commissaires ressentent alors bien l’adrénaline de la course de côte. A leur niveau, il en font partie. Certes, ce sont des hommes de l’ombre mais ce sont surtout des rouages essentiels au bon déroulement de la course. Et la fierté gonfle leurs poumons, avec en bonus un petit mélange d’essence et d’huile 2T.

Le rythme est bon, aussi bien pour les pilotes qui font hurler les moteurs que pour l’orga, avec des départs réguliers. Mais ce calme est précaire et le poste 6 annonce une chute. Xavier sort le drapeau rouge, il faut éviter le sur-accident. Heureusement, la chute est bénigne et le poste 6 dégagera pilote et machine sans intervention d’autres membres de la troupe. On peut repartir. Il faut toujours surveiller les spectateurs, qui prennent chaque pause comme excuse pour se promener sur la route. Il faut les prévenir que les motos vont arriver et que oui, ils doivent marcher sur le bas côté et non pas sur la route.

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La route est déserte, mais un pilote peut débouler à tout instant

Un souci de cellule de chronométrage créera une autre pause plus longue. Xavier et Seb doivent alors informer, expliquer ce qu’il se passe. Certains spectateurs en profitent pour partir; ils sont de moins en moins nombreux, mais la vigilance est toujours de mise, malgré une fatigue des plus en plus présente.

Puis viennent les deux dernières montées. Deux gamins qui donnent tout. On voit ensuite passer en trombe la Subaru d’intervention, le drapeau à damier à la fenêtre. Seb et Xavier n’ont plus qu’à avertir le public que les motos vont redescendre une dernière fois. Le peloton arrive, et passe sous les applaudissements du public.

Voilà, la mission des nos deux commissaires est terminée. Il ne reste plus qu’à rendre la matériel. Le debrief avec la direction est simple: tout s’est bien passé, les commissaires ont fait un super boulot.

Les jambes lourdes mais le cœur léger, nos deux ombres redescendent jusqu’à la voiture, s’arrêtant pour échanger un mot ou deux avec certains pilotes qui les ont impressionnés par leur engagement et leur vitesse. Le retour se fait dans le calme, celui d’après la tempête. C’est sûr, l’année prochaine, Seb et Xavier sont prêts à revenir à Gattières. Mais une question demeure: seront-ils sur le bord de la route en tant que commissaires… ou sur la route en tant que pilotes?

Nous tenons à remercier le moto club de Cagnes Villeneuve Loubet pour l’organisation et pour nous avoir proposé d’y participer (bon, ok, on savait dès notre inscription qu’on était volontaire). Merci aussi pour l’accueil, on avait beau être les petits nouveaux, on a vite trouvé notre place. C’était vraiment une super expérience et ça nous a permis de vivre la course différemment, et beaucoup plus intensément. Merci aussi au public respectueux, car oui, il y avait des connards, mais il y avait surtout plein de gens bien. Merci aux pilotes d’avoir assuré le show. Merci à nos familles de nous encourager à vivre notre passion. Merci à la chérie de Xavier d’être passée avec les deux gamines. On ne sait pas qui était le plus heureux d’être là, entre le papa poule fier, les gamines super contentes de voir des motos passer (enfin, surtout celles avec des filles dessus) ou la chérie ravie de partager cette passion. Puis merci aussi à toi qui lis ces mots: on adore partager nos expériences et a priori ça te plait. N’hésite pas à nous le dire, ça fait toujours plaisir. Ah, et un dernier mot: faut quand même être complètement barré pour faire de la course de côte. Y a même pas de bac à graviers !

 

 

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